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Le corps dévêtu a toujours été au coeur des songes des artistes peintres, parce qu'il est l'incarnation de la beauté, du mystère, du désir et de l'interdit.
Parce qu'à elle seule, l'illustration de la nudité à travers les siècles pourrait suffire à décrypter l'histoire de la peinture, tant se sont incarnées dans ce sujet unique toutes les évolutions de l'humanité et de son parcours artistique. Nous vous proposons, aujourd'hui, un tour d'horizon non exhaustif, de 6 siècles de peinture peu vêtue...
C'est sous le règne de l'église catholique et romaine que se déroula le Moyen-Age européen. Et sa peinture s'en ressentit... dûrement, puisque la nudité était associée au pêché originel.
Pour contourner cela, quelques artistes déshabillèrent des Saints et autres héros « tolérés » par l'église, mais tout cela demeura loin de la réalité et ces oeuvres sont plus le reflet des interdits qu'une vision artistique du corps humain.
La Renaissance allait changer tout cela. Dans un flot de liberté retrouvée et exaltée, avec aussi un retour vers le classicisme, le nu trouva enfin une place dans la peinture.
De Michel-Ange à De Vinci, il devint glorieux, évidemment codifié, mais également emprunt de cette révérence au corps qui lui avait cruellement manqué depuis l'Antiquité.
Ainsi "la Naissance de Vénus" (1485) est aussi bien l'expression de l'Antiquité revisitée (la Vénus anadryomène de la Grèce Antique en est évidemment la référence), que l'incarnation de la beauté vénitienne d'alors et de ses canons.
Simonetta Vespucci, qui fut le modèle de cette toile, était alors considérée comme la plus belle femme de son époque. Pourtant, une fois de plus, malgré la réalité de la beauté du modèle, pour contourner le sempiternel poids de la tradition chrétienne, il faut drapper la nudité de la référence antique inattaquable, qui la dédouane de sa beauté charnelle et la mène aux summums de l'au-delà. Il en sera de même, à chaque fois, jusqu'à Goya et sa Maja desnuda.
Goya réinventa donc la femme nue, sans la couvrir d'une quelconque justification antique, sans la voiler de l'héroïsme de la Sainteté; juste une femme, nue, souriante, allongée et heureuse d'être ainsi dévoilée.
Pour la première fois, un artiste ose cela, provoquant une rupture qui donna naissance à la liberté de peindre; même les nus !
Nous étions en 1800, dans l'Espagne catholique de Charles IV et le nu ne serait plus jamais le même, Goya venant de faire voler en éclats 5 siècles d'interdits.
Les Impressionnistes reprendrons ce flambeau, notamment Manet avec son célèbre « Déjeuner sur l'herbe », Ingres et ses corps parfaits, ainsi que Degas dont les dessins vont offrir au monde la quintescence de la beauté anatomique à l'aube du XXe siècle. Ces mêmes canons de la beauté qui seront destructurés et restructurés dès le XXe siècle installé !
Picasso et Braque, à l'avant-garde de la peinture font naître le cubisme et il est à noter que c'est avec deux toiles représentant le nu qu'ils réalisent cela : « Le Grand nu » pour Braque et « Les Demoiselles d'Avignon » pour Picasso. Ces deux oeuvres s'imposent comme des visions du corps par delà le corps lui-même. Alors que pendant des siècles la peinture a cherché à être au plus près de la réalité, elle cherche désormais la proximité des âmes, la cohérence du ressenti avec l'expression.
C'est la même recherche de l'âme au travers de la posture des corps qui animait Egon Schiele, l'autrichien expressionniste.
Dans des positions sans équivoque, soudain, comme Goya avait fait entrer la sensualité au panthéon de la création, Schiele fait apparaître la sexualité. Sans fioriture, totalement débarassé de l'impact religieux, l'artiste exprime ses désirs. Au travers de ses modèles, bien souvent des prostituées, Egon Schiele définit ses envies et ses frustrations d'homme autant qu'il représente des femmes allanguies...
Il fera cela jusqu'à sa rencontre avec Gerti, sa femme. Dès lors, la sexualité, toujours présente, est parée de tendresse et met en exergue la grâce des corps et pas seulement leurs formes. Schiele vient de faire se rencontrer l'amour et la sexualité en peinture, son oeuvre en reste un symbole puissant, un siècle après sa révélation !
Loin de Schiele, Modigliani, à la même époque, mais à Paris, trouve un chemin particulier dans les sentiers charnels, pour interpréter à sa façon le corps féminin. Sa peinture, inspirée par la sculpture qu'il a longtemps pratiquée, mais aussi par les arts nègres et cambodgiens qu'il a découverts au Musée de l'Homme à Paris, et par le travail de Picasso (la période bleue), est unique et facilement reconnaissable. Son style épuré, sa merveilleuse aptitude à capter en quelques traits un visage, en font l'un des peintres fondamentaux du premier quart du XXe siècle.
Les années 50 voient Matisse, immense artiste reconnu et admiré de tous, réinventer à son tour le nu. Après les « démembrements » des cubistes, il apporte sa touche colorée et nous offre son célèbre « Nu Bleu » où le corps se dématerialise pour ne plus être qu'une forme, une idée, bien au-delà de la représentation.
Trois artistes français se partagent actuellement le mérite de faire exister le nu figuratif : Bonnefoit, Gaveau et Valadié. Chacun à leur manière, ils arpentent les mêmes sommets du parfait et du merveilleux, quand un corps devient le réceptacle du divin, dans son incarnation la plus parfaite : l'être humain.
Bonnefoit se distingue par son sens du trait, de la ligne qui entoure et délimite les chairs, tandis qu'un fond coloré, fourni, japonisant, vient mettre encore plus en exergue la blancheur de la peau, la douceur soyeuse de ce miracle qu'est l'enveloppe charnelle.
Pour Gaveau, le coloriste qui sait rendre chaud un bleu argenté ou un vert océanique, c'est la transparence qui est devenue signature. Quasiment sans limites, le corps s'évanouit dans le décor, se disolvant jusqu'à être partie intégrante du fond, ni plus important que le reste, ni moins !
Enfin, il y a Valadié, le magicien de la lumière, capable de retrouver les canons antiques de la perfection des formes et de les mêler à la modernité du découpage, où les éclairs de la lumière sont ceux d'un éternel amoureux de la Femme...
John Kacere, américain, n'est pas un peintre du nu, au sens propre du terme, puisque les corps qu'il peint sont vêtus... Mais ce sont de savantes lingeries soyeuses ou satinées qu'il les habille, les parant surtout de son incroyable talent d'hyperréaliste.
Cette technique qui a jadis offert au nu l'une de ces oeuvres les plus célèbres mais aussi les plus décriées, cachée au yeux du public pendant plus d'un siècle, est l'ultime frontière picturale du nu.
Le cas Gustave Courbet demeure une énigme et une exception unique dans l'histoire de la peinture... Une toile (quasiment) cachée pendant 129 ans et qui, quand elle fut enfin révélée, s'avéra être de notre temps et non de son temps !
En peignant "l'Origine du Monde" , puisqu'il s'agit bien évidemment de cette oeuvre, Courbet s'est aventuré, en 1866, sur ces terres hyperréalistes encore peu arpentées, et aux limites d'une pornographie que le Second Empire préférait ignorer.
Si le tableau, caché, passa de mains en mains, dans la discrétion des « avertis », il finit par revenir à l'Etat français en 1995 (dation des héritiers du dernier propriètaire : Jacques Lacan) et a depuis été enfin montré au public dans sa nuditié la plus crue.
L'impact de cette toile demeure aujourd'hui encore très fort, un siècle et demi après sa réalisation. Il suffit d'observer les visiteurs du Musée d'Orsay s'y arrêtant, ou au contraire, accélérant le pas à l'approche de l'oeuvre pour comprendre qu'un nu n'est jamais anodin ; surtout celui-là !
© Textes & Photos: Natacha PELLETIER pour PASSION ESTAMPES
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