Rencontre avec les déesses dévêtues de Valadié

L'odalisque

Longtemps, c'est en se réfugiant dans la vie (ou plus souvent la mort) des Saints, ou dans les éxcès des libations de l'Antiquité que la peinture osait montrer le corps humain dans la splendeur de sa nudité.

Puis le 19e siècle inventa une forme de sensualité non liée à la déïté, celle d'une femme au sortir du bain : l'odalisque. Généreuse, mais esclave...

De Goya à Valadié

Alors vint le 20e siècle et sa liberté. Pour la première fois depuis la naissance de la chrétienté, il était concevable de peindre un corps en le montrant dans l'éveil de ses sens, dans les frémissements de sa chair.

Pourtant très peu d'artistes doivent leur renommée à cet art qu'est le nu. Parce que si le sujet est en lui-même intemporel, le traiter en y imposant son style, en y imprimant sa marque, en gardant assez de pudeur pour prétendre à l'hommage, en insufflant assez de sensualité pour entrer au panthéon de ceux qui ont capté la magie, n'est pas chose si aisée. Et c'est parce qu'il réussit cela depuis près de cinq décennies que Jean-Baptiste Valadié est l'un des plus grands artistes français actuels !

D'ici et d'ailleurs

Ce natif de Brives-la Gaillarde, intègra l'Ecole Nationale des Arts Appliqués dans les années 50, tandis que ses talents de dessinateur portraitiste s'exerçaient autour de la Place du Tertre dans le même temps. Mais c'est sur le continent africain qu'il fit ses premières expositions (Dakar et Alger) comme si les voyages qui allaient marquer son cheminement d'homme et son parcours d'artiste étaient déjà là, bien présents, pour montrer cet apport de l'ailleurs qui est sous-jacent à beaucoup de ses créations.

Place à la lumière

Car aux côtés des nus qui firent sa réputation au travers des cinq continents, ce sont ses paysages, qu'il nimbe de couleurs naturelles, en conservant toujours une place aussi importante à la lumière, vecteur de magie, qui l'imposent comme l'un des plus grands conteurs de nos années.

Car, au travers de ses voyages, Valadié nous raconte la sérénité de l'homme face aux déchaînements l'entourant, la beauté qu'il faut savoir conserver en soi, cette part d'amour qu'il faut sublimer, même quand la folie et la violence s'imposent à nos yeux chaque jour.

F... comme Femme

Jean-Baptiste Valadié est un pur, un chevalier sur son blanc destrier, révérant la déesse femme qu'il ne peint que parfaite, divine dans ses formes, altière dans ses postures, régnant sur le monde tel que lui le conçoit.

Cette femme qui a toujours le visage de Chantal, son épouse, cette femme qui est le premier des paysages peint par Valadié, cette femme qui est sa Terre nourricière et qu'il nous offre pour que nous continuions, pauvres mortels que nous sommes, à croire au divin.

© Textes & Photos: Natacha PELLETIER pour PASSION ESTAMPES