La nouvelle Bilal est arrivée !

BUG III

Seulement éditée à 150 exemplaires (+ quelques Epreuves d'Artiste,
la nouvelle Bilal signée et numérotée "BUG III" est désormais en vente.
Ne la ratez pas...

Sarajevo

Si on fait abstraction des dates rondes et que l'on ne se soucie que des grands chambardements de notre Histoire, le XXe siècle naquit et mourut à Sarajevo. L'ex-Yougoslavie est donc le symbole de ce siècle d'accélération où tout alla trop vite, où se répétèrent les erreurs des siècles précédents sans que nous n'en prenions vraiment conscience, comme si, au fond, cela n'avait aucune importance...

Enki Bilal est né à Belgrade, en 1951, dans un pays qui se relevait à peine des horreurs nazies et s'enfonçait déjà dans les délires d'un intransigeant Maréchal n'obéissant qu'à lui-même.

Narrateur du chaos

D'un film où enfant il fit l'acteur (apparaissant à l'écran en train de dessiner à la craie sur un trottoir) au Paris de 1960 où sa famille s'installa, Bilal écrivit sa propre histoire et la genèse de toutes ses histoires...

Car au-delà d'un coup de crayon reconnaissable entre tous, Bilal est d'abord le narrateur du chaos des Empires qui se désagrègent, observant nos croyances collectives qui s'étiollent et nous brandissant cette chute implacable, seulement armé de son crayon gras ou de ses tubes de gouaches. Elliptique, violent, précis, mêlant le sacré et le profane, il fait naître la fleur parfaite sur le tas de ruines nauséabondes parce que c'est ainsi que la vie triomphe; au-delà de tout et surtout de la souffrance.

Passé par les Beaux-Arts (très brièvement), dans un autre temps il eut été peintre, mais le XXe siècle finissant lui permit d'explorer un territoire vierge et de donner quelques unes de ces lettres de noblesse au 9ème art.

Un public adulte

En étant successivement l'un des premiers dessinateurs de BD à travailler exclusivement pour un public adulte, à mêler religion, politique, science et sexe dans chacune de ses histoires, à voir l'un de ses albums couronné par le Prix du Livre de l'année de la revue Lire (Froid Equateur, le dernier volet de la trilogie Nikopol), il a écrit une page importante menant à la reconnaissance de son art.

Un créateur d'univers

Pourtant loin d'être simplement un dessinateur, Bilal est devenu, au fil des ans, un créateur d'univers. A travers la conception de décors et de costumes pour le théâtre (Roméo et Juliette de Prokoviev), au travers de décors ou d'affiches pour le cinéma (notamment avec Alain Resnais), au travers de la réalisation de trois films (à ce jour), Bilal explore d'autres formes d'expression, agrandissant son cercle à chaque nouvelle expérience. Le plus impressionnant dans ce travail tous azimuts demeure la cohérence de l'ensemble et du propos. Un univers si palpable qu'il parvient à lui faire prendre corps à chaque création, quelque soit sa nature.

Animal'z

Malgré tout, la bande dessinée demeure sa terre de prédilection, en témoigne son album Animal'z. Et de Terre, il est ici fortement question. Une fois de plus, il mélange, inserre, transforme. L'organique envahit le minéral, l'homme et l'animal se mêlent, l'évolution continue sa marche en avant forcenée.
Comme si, au fond, pour Bilal qui nous le raconte depuis 40 ans bientôt, l'important était là, dans cet Empire (ici notre planète) qui s'écroule, dans ce qu'il reste de nous, dans l'immense impression que rien n'est jamais définitif mais que tout est déjà scellé.

Car toute l'oeuvre de Bilal résonne dans ce cheminement d'un errant qui sait que les allers sont simples et les retours impossibles; en écologie, comme dans l'Histoire des Hommes, le chemin ne se parcourt que dans un sens...

Bienvenue dans le monde d'Enki Bilal !

© Textes & Photos: Natacha PELLETIER pour PASSION ESTAMPES